Ou comment antérioriser les posteriori
« The grass is green, the sun is warm » – Mr. Miyagi, Miss Karaté Kid
J’aurais tellement voulu m’appliquer cette phrase à cette époque méconnue. « Juste un lâcher prise » comme dirait mon ancienne professeure de danse et devenir sereine d’un claquement de doigts. Si seulement! Mais, n’est ce pas, ce lâcher prise, veut dire « être dans l’instant présent » ? Pourtant, suite à l’accouchement nous ne pouvons être nulle part que dans l’instant présent comme jamais, jusqu’à l’épuisement et transe.
Je ne connaissais pas ce terme. Post quoi? Post part-eu? Post-partum!
Partum – vient du latin « pario, parere » et veut dire, parmi d’autres significations : enfanter, accoucher, pondre, créer, produire, causer, procurer.
La période du post-partum (puerpéralité ou suite de couches) s’étend de la fin de l’accouchement jusqu’aux premières règles après la grossesse. C’est une période de nouveaux bouleversements d’abord physiques avec la perte brutale des repères liés à la grossesse. (source Wikipédia, donc pas la vérité absolu)
Alors, si tout le monde le connait pourquoi personne n’en parlait ?
Remontons dans le temps. Pendant des siècles, et encore aujourd’hui, nous viv(i)ons dans une société masculine et patriarcale. Rendues à cette autorité patriarcale, les femmes ont été réduites à des corps reproductifs et obéissants. Donc, tout le monde se fichait de l’état de la mère, puisque c’était « normal », c’était son « devoir », c’était « comme ça ». En les intériorisant, ces sentiments de la douleur physique et psychique, la frustration, la surcharge, le silence, la femme – mère les transmettait de génération en génération jusqu’à l’éclat ! Considérons que nous sommes dans cette époque de l’éclat, le nouveau big ben, l’explosion des sentiments. Et bien, nous ne savons pas comment se confronter avec tout ces chamboulements, ou plutôt, comment se reconcilier avec. On veut des réponses. Donc, on demande, ou dois-je dire, ils nous propose : de l’accompagnement, des suivis, de l’aide par un tiers. Tout d’un coup tout le monde sait tout et tout le monde a la vérité. Mais personne comprend, sauf la femme qui se retrouve dans ce « post – thing » et crie, du fond de l’océan, désespérément et sans voix : « Pourquoi personne ne m’a prévenu ? »

L’instinct maternel existe t’il ?
Etre mère, n’est pas inné. Il n’y a rien d’automatique. On a deux naissances celle de la mère et celle de l’enfant. Matrescence, cette contraction de deux mots : mère et adolescence donne la naissance de la mère. C’est de l’adaptation. C’est à Dana Louise Raphael, anthropologue animale américaine que nous devons la proposition de ce concept en 1973 dans son livre « Being female ». [Elle y parle de cette période de bouleversements et invite à poser une attention toute particulière sur cette phase de transformation. C’est aussi elle qui invente le mot « Doula » en 1976 avec cette même intention de développer des compétences spécifiques aux soignants et accompagnants des futures et nouvelles mères.]

Récemment j’ai regardé la série japonaise sur Arte « La maison de la rue en pente« , qui nous montre une réalité bien fracassante de la société japonaise et sa tradition vis-à-vis la maternité et le rôle d’une mère et une femme. Bien qu’elle veut donner une image parfaite d’elle même, une des rôles principales, une maman, d’un enfant de trois ans et demi, est anéantie. Enfin, elle peut comprendre que la société dans laquelle elle vit ne lui convient pas. C’est extrêmement dur d’être mère et en plus d’avoir toute la charge mentale et physique de l’élever, mais aussi le devoir de s’occuper de son mari, de la cuisine, du ménage et d’être parfaite au regard de la société : ce qui mène à un épuisement total et un jugement horrible.
La mère parfaite n’existe pas. La mauvaise mère non plus. Ce sont des fausses croyances imposées par la société.
Et si on a été informée*, ça aurait changé quelque chose ?
Si, évidemment. Chaque histoire, chaque vie, chaque naissance est unique, mais toutes sont liées par des points communs.
Cela me fait penser à Anna Karénine de Tolstoï (Анна Kaренина en russe). « Toutes les familles heureuses se ressemblent; chaque famille malheureuse est malheureuse à sa façon ».
Le long moment après accouchement doit être pris en compte, entendu, compris. Evitons de coller des étiquettes « blues ». C’est une période très dur, avec beaucoup d’hormones, sangs, changements d’états d’humeur, insomnie, épuisement, hémorroïdes, allaitement, douleurs, crises, angoisses, et un grand vide rempli des pleurs. Nous avons vécu un traumatisme. J’avais même dit merci à la sage femme qui a cousue ma déchirure. Merci pour l’accouchement. Merci? La sage femme qui m’a « menacée » de ventouse, qui ne m’a pas permis de changer la position, et je me suis tellement « préparée » à un accouchement plus naturel et bien entourée, qui m’a laissé dernière à accoucher et m’est précipité car elle devait quitter l’hôpital suite à mon accouchement.
Il y a des milliers des femmes qui subissent des violences bien plus graves. Cela fait déjà parti de cette fameuse période « post-partum ».
J’ai envie de dire que nous sommes heureuses quelque part au fond de nous, mais nous l’avons oublié. Baby is there to remind us ! Faites appel au groupe des mamans et passer le relais. Souffler, respirer, vivez ! Vous êtes unique comme votre bébé. Une maman heureuse, un bébé heureux ! Cela arrivera et sans pression surtout obstétricale. « Vous avez fait un travail extraordinaire ! Félicitations ! »
Libérons la parole et les émotions !
Ressources :
*n.b.: J’aime bien l’idée d’adaptation au féminin